QUESTIONS À UN CHAMPION

QUESTIONS À UN CHAMPION

PIERRE DEL VESCOVO

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PIERRE DEL VESCOVO

 

 

 

Au Conservatoire Supérieur, vous étiez dans la classe de Jean Devémy, a-t-il participé à votre émancipation à devenir Cor Solo ? Sont-ce plutôt vos qualités dans l'aigu et/ou bien votre tempérament qui vous y ont conduit ?

Jean Devémy ne se serait jamais permis de donner quelque observation sur l'orientation vers une spécialisation de cor aigu ou de cor grave. J'ai passé 2 années au conservatoire supérieur. Les qualités requises pour un poste s'avèrent et s'imposent d'elles mêmes, bien sûr au regard du travail fourni. Certes il faut également une forte détermination.

 

Avez-vous eu une règle de travail stricte durant votre scolarité ? (je pense aux gammes et exercices exécutés sur le cor en Fa, etc...) Peut-être qu'au delà du bagage technique évidement indispensable, c'est le développement de la personnalité musicale de chacun qui primait. 

Et comment ! J'ai étudié pendant près de 70 ans mon instrument sans relâche. Oui la personnalité est sans conteste un élément décisif dans l'obtention de différentes places.

 

En précurseur, vous avez porté haut les couleurs de la France en qualité de 1er Cor au sein d'orchestres étrangers renommés. Pensez-vous qu'en définitive, la pratique du métier d'orchestre soit identique d'un pays à l'autre (à quelques détails près), ou bien ces périodes internationales furent-elle le meilleur apprentissage pour devenir un grand Cor Solo à Toulouse ?

Le poste décisif, dans ma carrière, qui m'a le plus fait progresser fut assurément le Philharmonique d'Israël où je suis resté 8 ans. Un chef venait pour une série de concerts, en général 12 ! Parfois le double. J'y ai pris conscience de la nécessité de changer de jeu. Particulièrement un jour, dans le final de la 1ere symphonie de Brahms (l'exposé si-la-sol-ré de cor des Alpes...) Les plus grands chefs ont été invités. Les musiciens, surtout les cordes,avaient un niveau incroyable. Ils l’ont toujours. Peut être même encore meilleur.

 

On a tous entendu parler de votre forte personnalité et nul doute qu'elle est nécessaire pour assumer des années durant un poste de chef de pupitre. En toute franchise, avez-vous connu des formes d'appréhension le jour d'importants concerts ? Dans l'affirmative, quelle recette avez-vous adopté avec succès ?

Bien sûr que cela m'arrivait, surtout lors d'importants concerts. Il m'est très difficile d'expliquer des recettes, puisque ce qui marchait pour un concert ne marchait pas automatiquement pour le concert suivant. J'ai néanmoins lutté plutôt mentalement.

 

Sans citer obligatoirement de marque, quel type de cor vous est paru idéal pour trouver compromis entre aisance et efficacité dans les salles de concert ? par ex. double normal, double avec palette "sons bouchés", pavillon fixe ou démontable ? Vous arrivait-il de changer d'embouchure, si oui dans le même concert ? À l'instar de Vienne et son célèbre cor viennois, aurait-on dû conserver en France le cor à piston et le style que cela implique ? 

Un instrument superbe pour moi est le Conn 8D, juste, homogène, large, sonnant dans le piano, donc un cor double traditionnel Fa/Sib. Je n'ai pas souvent changé d'embouchure, c'est risqué. 

 

Dans quelle proportion utilisiez-vous les cors en Fa et Sib ? et dans le travail technique ?

C'est difficile d'établir une règle car il y a de nombreuses exceptions. En gros, si on pense en Fa, j'utilisais le cor en Fa jusqu'au sol 2eme ligne de la portée puis le cor en Sib au-delà. Mais ce n'était pas systématique. 

 

Pardon d'aborder cela, mais nous sommes tous curieux de l'origine d'un fait pour lequel vous êtes probablement le seul représentant dans le monde entier et de tous les temps: en tant que Cor Solo d'orchestre c'est vous qui donniez le La...

Ceci est une légende mon cher Hervé... Mais qui donc t’as dit cette bêtise ! Je ne me serais jamais permis de m'imposer à la place du Hautbois, ne serait-ce que pour ne pas rater l'attaque dudit La ! Franchement, tout au plus, j'ai parfois demandé aux hautboïstes de contenir l'intonation de leur La à 442 Hz. Sinon cela devient scabreux pour le cor solo, et aussi pour d’autres instruments. 

 

Y a-t-il toujours un style français ou "à la française"? (Poulenc, Rampal, Pierlot, Devémy, Thévet, Allard, Courtina... ) Les chefs n'ont-ils pas contribué à l'uniformisation stylistique des 5 continents ?

Oui, dans une certaine mesure.

 

 

Vous m'avez téléphoné récemment pour me raconter vos expériences avec le divin Joseph Krips. J'ai pu apprendre lors de notre conversation que vous aviez joué avec d'autres chefs mythiques. Est-ce la fin des très grands, ou bien leur formation empirique nous promet-elle d'autres chefs de ce calibre ?

Je ne sais pas répondre à cette question... Cela est difficile d'avoir le recul nécessaire… 

 

La pratique du cor vous manque-t-elle parfois ? Si oui est-ce physique ou intellectuel ?  

Ayant soufflé pendant 70 ans ce n'est pas mal, n’est-ce pas ? Pour répondre à la question, ce serait plutôt intellectuel...   

 

Comment vivez-vous l'évolution de la diffusion de la musique classique de nos jours dans la société et quelle place lui prévoyez-vous dans 50 ans ?

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Cette petite interview reste pour moi très émouvante, ayant formulé mes questions par écrit et reçu des appels téléphoniques en retour, j’ai pu constater de fait, l’immense vitalité d’un homme passioné et les bienfaits  pour l’esprit d’une vie de pratique de la musique classique.

H.J. MAI 2020



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29/05/2020
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